Read in English

Les chimpanzés du sanctuaire ont commencé à développer des symptômes de vomissements, d'anorexie, de faiblesse et parfois sont décédés, sans que les vétérinaires en connaissent la cause.Crédit: Wolfgang Kaehler/Alamy Stock Photo

Depuis 2005, plus de 50 animaux du sanctuaire des chimpanzés de Tacugama en Sierra Leone sont décédés d'une maladie appelée syndrome neurologique et gastro-entérique épizootique (ENGS). Déconcertés par cette maladie inexplicable, les vétérinaires du sanctuaire ont collaboré avec une équipe internationale d'experts dirigée par Tony Goldberg de l'université du Wisconsin à Madison.

Cette recherche d'agents pathogènes dans les tissus des primates décédés a révélé un suspect probable d'une nouvelle espèce de bactérie du genre Sarcina. Goldberg note qu'une poignée d'études antérieures avaient provisoirement lié la bactérie Sarcina à une maladie gastro-intestinale grave chez l'homme et l'animal, mais sans démontrer clairement que ces microbes en étaient la cause.

Grâce à une analyse approfondie de cette nouvelle espèce, les chercheurs ont trouvé des indices intrigants qui pourraient expliquer ses effets pathogènes, "il a un mécanisme biochimique particulier qui, dans les bonnes conditions, produit beaucoup de dioxyde de carbone et d'éthanol", explique Goldberg. Ces produits chimiques pourraient respectivement produire les ballonnements gastro-intestinaux et les symptômes neurologiques associés à l'ENG. Les chercheurs ont également identifié des stratégies pour lutter contre l'infection, y compris des antibiotiques spécifiques et des changements alimentaires qui peuvent « affamer » les bactéries chez les animaux infectés.

Les travaux au sanctuaire ont déjà aidé un chimpanzé à se rétablir, rapporte Goldberg, bien qu'ils attendent la confirmation finale du diagnostic ENGS. « Si c’est est le cas, c'est une importante nouvelle, car cela signifie que nous avons appris quelque chose et l'avons appliqué avec succès », dit-il.

Les implications de ce travail pourraient aller au-delà de Tacugama. Goldberg dit que son équipe a été contactée non seulement par d'autres vétérinaires, mais également par des cliniciens soucieux de la menace potentielle que certaines espèces de Sarcina peuvent représenter pour la santé humaine.